L'angoisse

Publié le 6 Mars 2014

Quand j'étais très jeune (hier en fait) j'étais amoureuse d'un canadien. Forcément c'était pas pratique parce qu'il habitait au Canada (je te laisse comprendre la difficulté par toi même). Jeune et insouciante, prête à conquérir le monde, je m'organisais tant bien que mal pour pouvoir traverser l'océan de manière définitive (je pensais à l'époque que la vie était facile et que ce serait relativement finger in the nose, je me trompais lourdement, mais c'est une autre histoire).

Outre atlantique, mon cher et tendre ne faisait pas grand chose pour me faciliter la chose et avait utilisé l'argent gagné à un jeu de grattage pour s'acheter un ordinateur (au lieu de venir me voir). J'aurais dû sentir à cette époque que le vent ne soufflait par ouest-est mais rappelle toi... j'étais jeune et insouciante.

BREF (non parce qu'en fait ce que je raconte là n'a pas grand intérêt pour la suite)... au moment où je devenais pressante sur ma venue et après un an et demi de relation (très longue distance), l'être aimé m'a envoyé un mail ,  pour me dire que ça pouvait plus durer parce qu'il faisait trop de "panic attack". QUOI ? COMMENT ? QUOI QU'EST-CE ?

J'ai vraiment cru à cette époque, qu'il se foutait de ma gueule. Qu'il avait rien trouvé de mieux que la crise d'angoisse pour me larguer. Parce que pour moi, ça n'existait que dans la tête ces trucs là.

Et donc tu viens de comprendre que si je t'ai raconté tout ça, c'est parce que j'ai vraiment changé d'avis sur la question depuis. 

Je ne sais plus exactement à quand remonte mon anxiété. Mais il me semble que ça date de ma première grossesse. Avant ça je ressentais du stress parfois, mais ça avait toujours une raison... un exam, quand je me suis perdue dans l'aéroport de Toronto avec deux valises de 20 kg chacune à trimabller, un discours devant 200 personnes, mon premier jour de chargé de cours devant une classe de DEUG... les mains moites, les palpitations et le bide en vrac. Normal quoi. Des sensations humaines très ponctuelles.

Et puis un jour, ça a commencé à devenir plus fréquent, à se produire sans raison apparentes ou connues... et avec les années, ça s'est aggravé. Pour devenir carrément handicapant. Ont commencé alors des crises d'arogaphobie et de claustrophobie. Je sortais de moins en moins, je me repliais sur moi même. 

Mais je restais soft sur les anxyolitiques. C'était uniquement en cas de grosses crises souvent liées à l'état de santé de mes enfants. 

Quand l'Ex-mari est parti, je suis passée à la vitesse supérieure. Il fallait tenir le coup pour les enfants, ne pas s'effondrer. J'en prenais souvent pour dormir, dès que je sentais poindre une crise. 

Mais petit à petit, même quand ça allait bien mieux dans ma vie, les crises se sont fait de plus en plus violentes. Et sans que j'en explique la raison. 

La peur domine systématiquement... mais la peur de quoi ? C'est un mystère. Les symptômes sont bien évidemment invisibles pour les autres : oppression thoracique, mal au ventre, palpitations, jambes coupées, nausées (ça peut aller jusqu'aux vomissements dans mon cas), tremblement, bouffées de chaleur, hyperventilation (là ça commence à se voir), impression que tu vas mourir, alors que tu sais pertinemment que non. Et parfois, ça se termine dans mon cas en crises de tétanie. 

Puis un jour, j'ai fait une dépression. Ou en tous cas un gros gros burn out. Complètement au fond du trou j'ai fini par céder au traitement d'anti-dépresseurs après 3 semaines de lutte sans résultat. C'était un gros échec pour moi, je pensais que j'étais assez forte pour lutter contre ça. 

Une fois que le traitement a commencé à faire effet, les crises d'angoisses se sont espacées... pour finalement complètement disparaître. Ce fut pour moi un soulagement ENORME. Je ne le sentais plus, ce truc qui me bouffait de l'intérieur. C'était vraiment magique.

J'ai réduit la dose des anti-dépresseurs assez vite et ça allait bien. Ca allait tellement bien que je les oubliais très souvent. Donc, j'ai fini par arrêter. Après 4 jours d'oubli, je me suis dis que ça valait mieux

Aujourd'hui ça fait 4 mois. Il aura fallu 4 mois pour que l'angoisse, cette petite salope vicieuse, revienne. Doucement d'abord, me faisant croire que je pourrais la gérer. Puis un mauvais sommeil, la reprise progressive d'anxyolithiques, auront eu raison de ma "volonté". 

Tout ça arrive malgré tout l'amour et le soutien que je reçois tous les jours. 

Evidemment, je vis ça comme un échec, encore une fois. Même si ma psy me dit que je manque juste de sérotonine et que je n'y suis pour rien. Alors j'essaie de la croire. 

Ce que je sais c'est que je ne veux plus vivre avec la boule au ventre en permanence. Pour l'instant c'est le seul truc qui compte. Parce qu'il faut avancer, encore, faire des projets,... et avec ça c'est pas possible. 

Cette petite molécule me permet de le faire, alors je vais la reprendre.  

 

 

Rédigé par A L I

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C
Crotte j'avais pas envie de lire ce type de nouvelles ... <br /> Ma jolie courage, je ne connais hélas que trop bien ce type d'angoisses et ça me fait penser que je n'ai pas répondu à ton dernier mail et je m'en veux ... j'y remédie au plus vite, excuse moi!<br /> En attendant courage, ça n'est pas un échec non, ou alors j'ai échoué aussi l'année dernière et bien d'autre fois encore, tu le dis justement tu arrives maintenant à ne pas laisser les choses s'envenimer et je pense que c'est au contraire très bien ! Je t'envoies vite un mail ma petite Ali ! en attendant je pense à toi et je t'embrasse !
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P
Ca doit être vraiment terrible à vivre, je ne peux qu'imaginer ta détresse... Je te fais de gros hugs avec mes bras élastiques de 2000 km
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A
Je me connais bien et je crois que j'ai réagi à temps.Donc ça devrait aller :)
C
Bon courage Ali. Cette molécule est là pour t'aider. Après l'essentiel est de savoir la doser et la réduire. Bisous
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A
A priori je vais la prendre au minimum
B
Plein de pensées ! Soigne toi bien, prend soin de toi §
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A
Merci toi ! Toujours là &lt;3
J
agoraphobie plutôt non?<br /> L'essentiel c'est quand même de s'en rendre compte et de ne pas se laisser faire. courage &lt;3
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A
Oui mon clavier a fourché ;) cette fois je crois que j'ai su réagir à temps... avant de sombrer.